20140628 Keith Jarrett Solo
Keith Jarrett (p)
Montreal, Maison Symphonique, Canada, 28.6.2014
A u014945 Production
Uploaded to Dime June 06th 2024
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Thanks to Nosferatu22b for the Original Flac Files
No Applause Recorded
Sound quality: A
Source: audience recording
1. Part 1 (3:59)
2. Part 2 (7:57)
3. Part 3 (4:31)
4. Part 4 (5:43)
5. Part 5 (5:17)
6. Part 6 (6:22)
7. Part 7 (6:34)
8. Part 8 (3:42)
9. Part 9 (4:30)
10. Part 10 (4:50)
11. Part 11 (6:39)
12. Part 12 Blues (4:37)
13. Encore 1 (5.34)
14. Encore 2 (6:18)
15. Encore 3 (Untitled) (4:00)
Maurizio
FESTIVAL DE JAZZ
L'instant Jarrett
29 juin 2014 07h44 |Guillaume Bourgault-Côté | Musique
«Keith Jarrett en solo à la Maison symphonique, c’était le fantasme de plusieurs personnes quand la salle a été construite»,
disait André Ménard à la foule avant le concert du pianiste américain, samedi soir. Que oui. Et quelle expérience ce fut.
Plus de deux heures de musique improvisée par le maître de cette formule de funambule: pur bonheur.
Une quinzaine de segments musicaux créés là, sous nos yeux, public attentif, ouvert, silencieux.
Entre Jarrett, son état d’esprit de ce samedi (visiblement de bonne humeur), le Steinway, le public, la salle, tous les paramètres étaient les bons pour faire du grand retour du pianiste —
24 ans qu’il n’avait pas joué en solo à Montréal — un succès prolongé par trois rappels.
Dans le livret des disques «Paris/London — Testament» (2009), Jarrett écrivait que «la quantité de préparation mentale, physique et émotionnelle [pour un concert solo] est probablement au-dessus de l’imagination de tout le monde.
Ce n’est pas naturel de s’assoir au piano sans aucun matériel, de vider complètement son esprit de toutes idées musicales, et de jouer quelque chose de complètement nouveau —
sans compter que ce sont des concerts, et que le public joue un rôle de la plus haute importance chimique: plus que le piano ou la salle, le public a le pouvoir d’influencer les contours de la musique.»
Représentation unique
C’est aussi la beauté de ce genre d’exercice: tout peut se passer, ou ne pas se passer. Nous sommes tous dans un «instant» qui doit se vivre collectivement.
Représentation unique, ici-même et maintenant. En pénétrant dans la salle, le spectateur n’a aucune idée de ce qui l’attend. Jarrett non plus.
Téléphones fermés, merci de ne pas tousser, le silence se fait, il pose ses mains sur le piano, et…
Et samedi, 20h10, une intro pleine de lumière sur tempo rapide. Jarrett signale au public qu’il s’est surpris lui-même, qu’il commence d’habitude par quelque chose de plus abstrait...
«Désolé si la prochaine est plus difficile», dit-il.
Commence ainsi une impro toute en richesse harmonique, des arpèges qui caressent le piano. Climat de mystère, de tension, d’introspection.
Puis Jarrett enchaine avec une démonstration de virtuosité technique de haute voltige. Une course effrénée qui le fait chantonner (ça vient avec l’expérience Jarrett), bondir de son banc, taper du pied.
Le reste est à l’avenant: à chaque morceau une surprise, un nouveau climat, des tempos différents.
On reconnait la manière Jarrett, des mélodies lyriques, ballades magnifiquement servies par sa touche unique, une certaine mélancolie parfois, une assise rythmique fantastique de la main gauche —
les fameux ostinatos de Jarrett, d’apparence répétitifs (voire hypnotisants) mais qui permettent de développer la phrase musicale à droite), etc., etc..
Est-ce à dire que tout était du plus haut intérêt? Peut-être pas. Keith Jarrett se donne le droit à l’erreur et au tâtonnement
(on le voit parfois bûcher pour ouvrir une nouvelle porte qui permettrait de relancer ce qu’il tente de faire),
mais la maîtrise générale est absolue. Et un concert solo de Jarrett se prend comme un grand tout: c’est l’ensemble de l’expérience qui donne toute la profondeur à l’instant vécu.
Celui de samedi, cet instant Jarrett, tenait du mémorable.
FIJM : le spectacle improvisé de Keith Jarrett (CRITIQUE)
Keith Jarrett a offert samedi soir un solo au piano historique à la Maison symphonique de Montréal, alors qu’il se produisait dans le cadre du 35e Festival international de jazz.
Le célèbre pianiste âgé de 69 ans a en effet proposé au public une performance totalement improvisée et enregistrée pour l’occasion.
«C’est impressionnant, c’est un véritable fantasme qui se réalise, de voir un tel spectacle ici», s’est exclamé le directeur artistique et co-fondateur du Festival, André Ménard.
Juste avant de laisser place à celui qui a joué aux côtés de Miles Davis,
M. Ménard a demandé au public d’éteindre téléphones intelligents et autres tablettes afin de «profiter du moment présent».
Un moment que le virtuose comptait tout bonnement arrêter pour nous transporter au cœur de l’âge d’or de la musique jazz.
Une performance intimidante
Keith Jarrett est entré sur une scène épurée sous les applaudissements intimidés du public, avant de rejoindre son piano, éclairé sous un faisceau de lumière.
Il a alors tout simplement commencé à jouer en fonction de son inspiration et à alterner des morceaux laconiques et pleins de voluptés, à des morceaux plus rythmés, accompagnés de fredonnements.
Fidèle à lui-même, le pianiste était quasiment en état de transe, et ne faisait plus qu’un avec son piano, remuant son corps tel un métronome un peu fou, en tapant la mesure avec son pied.
Quasiment possédé, ce sont de véritables histoires qu’il racontait. Des histoires qu’il ponctuait de grimaces et de petites blagues essayant en vain de décontracter ses admirateurs impressionnés.
Tel un gentleman, Keith Jarrett s'est levé entre chaque morceau afin de remercier le public, qui lui, pendu aux allers et venus de ses doigts sur les touches du piano,
laissait l’écho de la dernière note jouée mourir, avant d’applaudir chaleureusement le maître du free jazz.
Après une ovation du public et pas moins de trois rappels, il a finalement quitté la scène d’un pas léger, et avec simplicité, laissant planer un peu de magie dans l'air de la Maison symphonique.
Quelques notes de folk, de blues, de classique, et un peu de chair de poule aussi.
Jazz fans in general and Keith Jarrett fans in particular are well aware of the worst thing that could happen when the famously mercurial pianist’s mood turns foul and he begins,
for whatever reason be it someone coughing or snapping a photo, to lecture, berate or snub people who came to bask in the splendour of his music.
So, to get it out of the way as quickly as possible: None of that extra-musical stuff happened Saturday night,
when the world’s best jazz pianist gave one of his entirely improvised concerts at the Montreal International Jazz Festival.
Quite the opposite. A chatty Jarrett was upbeat and in good spirits, for example, responding to the fan who had bellowed “We love you!” late in the concert:
“You certainly are the loudest one.” The vocal fan did seem to speak for the roughly 2,000 people who packed Montreal’s Maison Symphonique,
who expressed themselves if not with such clarity, with roars of adulations and whoops of enjoyment before the night was out.
Jarrett began his concert in a very concrete way, with a happy-making, four-minute gospel proclamation that almost immediately had him stomping, singing and rising off the bench in his famous bent-knee crouch.
It was a rousing, catchy start. Right after, Jarrett strode to the microphone on the other side of the stage to confess:
“I just did that to shock myself into the beginning. If you hear tonality, it’s hard to get abstract after that.
“If the next one is more difficult to listen to, hey, I can’t help it.”
While that wasn’t quite a magician revealing how a trick is done, it was a bit of a window into how Jarrett might at times parcel music in in his mind.
Indeed, of the dozen or so improvised pieces that he created, most seemed to be not only tonal but also focused on a single, albeit well-explored, mood or kind of piece.
Long gone, it would seem, are the long, wending improvisations of the 1970s and 1980s when Jarrett, who is now 69, would immerse in the journey of improvising.
In comparison, you could almost call the Montreal concert Keith Jarrett’s Greatest Hits.
Jarrett’s second piece, though, was more abstract as promised. more mysterious and perhaps, for Jarrett as well as his listeners,more intriguing and process-rich.
The long piece was atonal and meandering, formless yet emotional and striving, seeking development and resolution or at least a point of rest.
Next came a piece marked by playful scurrying and the physicality of hands crossing over each other, that culminated with a trip to the top of keyboard.
Then there was a slow, sad, beautiful ballad spun from a few notes (Jarrett ended that one with his hands in his lap, saying “Heh, heh, I need a few minutes.”).
The first half of the concert concluded with the first droning, bass-driven tribal vamp, and then a stately romantic ballad with that Americana feeling that Jarrett practically introduced into jazz.
Of course, these terse summaries do no justice at all to the brilliance of Jarrett and the micro level, the beauty of his sound,
the delicious frissons that the inner voices of his chords provoke, the clarity and direction of his melodies.
As Ottawa pianist Alexander Tsertsvadze said to me when we chatted about Jarrett’s abilities during the break:
“We cannot find those notes. It’s as if those notes don’t exist for us,” Tsertsvadze said.
And that’s not to mention the sheer shapeliness of each piece as it proceeded from beginning to middle to oh-so-right conclusion.
The concert’s second half was even more concrete and tonal than its first, such that one might have wondered if, before launching into a piece,
Jarrett so much as says a word to himself in his mind, be it “blues” or “hymn” or “drone” or “atonal” or whatever. I suspect no one will never know, least of all the people who write about Jarrett.
Among the second half’s most special and even recognizable offerings: a lovely, magical opener that involved Jarrett’s right hand trilling and playing tremolo for much of its beginning and end,
while his left hand supplied a great deal of moving content that moved from hymnal to majestic;
a piece that alternated spry, sometimes country-tinged melodies played in unison in both hands with 16-bar sections (the first half of rhythm changes) moving through different keys;
Another gospel stomper that made its way from the tonic to the subdominant and then back down chromatically as Jarrett unfurled long, dazzling melodies; and a jaunty long-form blues that finished suddenly.
There were three encores, each preceded by a deafening love-in from the audience and Jarrett taking the musician’s equivalent of a victory lap on stage:
a major-key ballad that seemed like a composition; a swirling, minor-key piece and a harmonically static, but rhythmically churning and vaguely Slavic vamp.
After one of the encores, there was even the flash of a camera above Jarrett, at the back of the wrap-around stage,
thanks to a delinquent who flouted the rules that had been recounted at length before each half of the concert, in both of Canada’s official languages.
Some in the crowd who saw the flash gasped and maybe worried that the Sun Bear would show his claws.
But if Jarrett noticed the photo being taken, he must have simply thought it wasn’t worth making a fuss. Why ruin an otherwise perfect night of music?